Homélie pour les funérailles de K. (18
ans)
L’évangile
que nous venons de proclamer semble bien étrange pour une célébration de
funérailles. Mais cette parabole de l’Evangile de Luc pourrait nous faire
penser à K., dans le personnage de la petite veuve. Cette petite veuve est
outrée par l’attitude du juge. Elle voudrait tant que le mauvais juge lui fasse
justice. Elle ne cessera pas de crier jusqu’à ce qu’elle ait obtenu gain de
cause. Nous connaissions les cris de K.
devant les injustices et les mauvais comportements, devant les aléas de la vie
et du monde. Les cris de K. ont cessé le 4 décembre.
Nous
accueillons K. ce matin dans une église, pour faire mémoire de sa vie. Et
l’église est un lieu qui s’y prête. Ici nous pouvons nous asseoir auprès de K. L’église
un lieu sacré, un lieu sanctifié par la présence de Jésus, un lieu imprégné de
la prière de générations de chrétiens. C’est un lieu public qui accueille jeunes
et moins jeunes, croyants et non croyants, baptisés et non baptisés. C’est
aussi un lieu d’espérance. La tour d’une église est comme un doigt qui indique
le ciel et qui invite à regarder plus haut, plus loin.
Ici
nous prenons le temps de forger dans le sanctuaire de notre mémoire les bons
moments de sa vie. Nous essayons de forger l’image que nous voulons garder de lui :
un enfant formidable qui a géré pas mal de choses, très mature et entreprenant.
Sa maman a utilisé une belle image : tourné d’abord vers les autres et
serviable, prenant sur lui les soucis des autres, il était comme une éponge. Il
aurait bien refait le monde, mais il s’est rendu compte que ce n’était pas
possible.
K.,
tu n’as pas attendu que soient tournées les pages que nous voulions écrire
ensemble. Tu as décidé de t’en aller à l’aube de ta vie d’adulte. Mais ton
idéalisme, ta soif de justice, ton rêve d’un monde d’amour, ont fait que tu
n’étais peut-être pas créé pour ce monde d’adultes.
K.,
tu t’en vas et tu n’as pas attendu la fin de l’hiver pour vivre le printemps
prochain. Tu quittes l’hiver de ce monde pour vivre un printemps ailleurs.
K.,
tu t’en vas et tu n’as pas attendu le temps de la moisson, le temps de récolter
ce qu’ensemble nous avions semé durant ces dix-huit années.
K.,
tu n’as pas attendu que nous ayons grandi et mûri avec toi. Tu n’as peut-être
pas su te réconcilier avec les blessures de ce monde. Tu te savais toi-même
blessé par le manque d’amour et le manque de partage.
Saint Jean apôtre dans sa première
lettre nous dit : « Tel est le message que nous avons entendu de
Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière. En lui, il n’y
a pas de ténèbres. »
K., tu es maintenant dans cette lumière
qu’est Dieu. Qu’il n’y ait plus de ténèbres en toi. Et que tes proches et tous
ceux qui t’aiment mettent en pratique le message que tu leur laisses. Et
construisons ensemble un monde meilleur où il y a de la place pour tous les K.
du monde. Amen.
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