dimanche 22 décembre 2019

14 décembre 2019 - homélie pour les funérailles de K (18 ans) à Enghien


Homélie pour les funérailles de K. (18 ans)

L’évangile que nous venons de proclamer semble bien étrange pour une célébration de funérailles. Mais cette parabole de l’Evangile de Luc pourrait nous faire penser à K., dans le personnage de la petite veuve. Cette petite veuve est outrée par l’attitude du juge. Elle voudrait tant que le mauvais juge lui fasse justice. Elle ne cessera pas de crier jusqu’à ce qu’elle ait obtenu gain de cause.  Nous connaissions les cris de K. devant les injustices et les mauvais comportements, devant les aléas de la vie et du monde. Les cris de K. ont cessé le 4 décembre.

Nous accueillons K. ce matin dans une église, pour faire mémoire de sa vie. Et l’église est un lieu qui s’y prête. Ici nous pouvons nous asseoir auprès de K. L’église un lieu sacré, un lieu sanctifié par la présence de Jésus, un lieu imprégné de la prière de générations de chrétiens. C’est un lieu public qui accueille jeunes et moins jeunes, croyants et non croyants, baptisés et non baptisés. C’est aussi un lieu d’espérance. La tour d’une église est comme un doigt qui indique le ciel et qui invite à regarder plus haut, plus loin.

Ici nous prenons le temps de forger dans le sanctuaire de notre mémoire les bons moments de sa vie. Nous essayons de forger l’image que nous voulons garder de lui : un enfant formidable qui a géré pas mal de choses, très mature et entreprenant. Sa maman a utilisé une belle image : tourné d’abord vers les autres et serviable, prenant sur lui les soucis des autres, il était comme une éponge. Il aurait bien refait le monde, mais il s’est rendu compte que ce n’était pas possible.

K., tu n’as pas attendu que soient tournées les pages que nous voulions écrire ensemble. Tu as décidé de t’en aller à l’aube de ta vie d’adulte. Mais ton idéalisme, ta soif de justice, ton rêve d’un monde d’amour, ont fait que tu n’étais peut-être pas créé pour ce monde d’adultes.
K., tu t’en vas et tu n’as pas attendu la fin de l’hiver pour vivre le printemps prochain. Tu quittes l’hiver de ce monde pour vivre un printemps ailleurs.
K., tu t’en vas et tu n’as pas attendu le temps de la moisson, le temps de récolter ce qu’ensemble nous avions semé durant ces dix-huit années.
K., tu n’as pas attendu que nous ayons grandi et mûri avec toi. Tu n’as peut-être pas su te réconcilier avec les blessures de ce monde. Tu te savais toi-même blessé par le manque d’amour et le manque de partage.

Saint Jean apôtre dans sa première lettre nous dit : « Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière. En lui, il n’y a pas de ténèbres. »

K., tu es maintenant dans cette lumière qu’est Dieu. Qu’il n’y ait plus de ténèbres en toi. Et que tes proches et tous ceux qui t’aiment mettent en pratique le message que tu leur laisses. Et construisons ensemble un monde meilleur où il y a de la place pour tous les K. du monde. Amen.

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