mardi 27 août 2019

22.08.2019 - enseignement pour le groupe béguinal de Braine-le-Comte


Je marcherai
en présence du Seigneur
sur la terre des vivants


Le psaume 114 dans l’Ancien Testament

La liturgie de ce jeudi 4 juillet 2019 propose comme première lecture, le sacrifice du patriarche Abraham. L’extrait du livre de la Genèse se termine par : « Alors Abraham retourna auprès de ses serviteurs et ensemble ils se mirent en route … ». En réponse à ce texte de l’Ancien Testament, la liturgie propose le psaume 114, avec comme refrain le dernier verset de ce psaume : Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

Accueillons le texte de ce psaume 114


            J’aime le Seigneur :
            il entend le cri de ma prière.
            Il incline vers moi son oreille :
            toute ma vie, je l’invoquerai.

            J’étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de l’abîme,
            j’éprouvais la tristesse et l’angoisse.
            J’ai invoqué le nom du Seigneur :
            « Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »

            Le Seigneur est justice et pitié,
            notre Dieu est tendresse.
            Le Seigneur défend les petits :
            j’étais faible, il m’a sauvé.

            Il a sauvé mon âme de la mort,
            gardé mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas.
            Je marcherai en présence du Seigneur
            sur la terre des vivants
.


Le psalmiste témoigne devant sa communauté de sa foi et de sa confiance au Seigneur. Foi et confiance qui engagent le psalmiste dans l’alliance : toute ma vie j’invoquerai le Seigneur.
Puis, l’auteur du psaume fait part de son expérience personnelle qui n’est pas différente de l’expérience du peuple hébreu tout au long de son histoire.  Depuis le départ d’Adam et Eve du jardin de l’Eden, le peuple de Dieu est en errance, en déplacement, en route, en marche. Depuis le meurtre de Kaïn sur son frère Abel, le peuple est sous l’emprise du mal et de la mort.
Maintenant que le psalmiste est lui aussi éprouvé, il redit l’heureuse expérience de son peuple. Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux. Le Seigneur est celui qui sauve. Le Seigneur fait de la marche du peuple de Dieu une marche de libération. De l’esclavage vers la terre de liberté, des ténèbres vers la lumière, de l’absence de Dieu vers un Dieu qui parle et qui marche devant son peuple, du péché vers le salut, de la mort vers la vie.
Le psalmiste, délivré du danger de la mort et rendu au monde des vivants, se considère obligé à une plus grande fidélité envers le Seigneur. Aussi, son psaume d’action de grâce se termine par un engagement fidèle et précieux : cheminer en la présence du Seigneur.

La christianisation du psaume 114

Le psaume responsorial dans la liturgie eucharistique est une réponse à une première lecture tirée de l’Ancien Testament (sauf au temps pascal où la première lecture est tirée des Actes des Apôtres ou de l’Apocalypse). Il convient donc de ‘christianiser’ la lecture du psaume. Cela veut dire que le chrétien écoute et accueille, chante et prie le psaume en fonction de l’accomplissement de l’Ancien Testament par Jésus Christ.
Nous allons donc réinterpréter le verset final du psaume 114 :
-          je marcherai
-          en présence du Seigneur
-          sur la terre des vivants
Pour clôturer notre enseignement, nous allons dire un petit mot sur la Vierge Marie.

Je marcherai

La venue du Christ Jésus ne met pas fin au pèlerinage du peuple de Dieu. Que du contraire. Tout l’évangile de Luc est construit sur le mode d’un HODOS : un chemin, une marche, un itinéraire, un pèlerinage.
Jésus, en saint Luc (5,22-25) dit au paralysé : « Lève-toi et marche ». Cela est lié au pardon des péchés. Le paralytique est délivré de sont mal physique, qui plus est, il est sauvé. Il peut rejoindre la terre des vivants.
Le paralytique, c’est chacun de nous. C’est l’enfant qui le dimanche matin est paralysé devant les dessins animés sur la télé. Les parents paralysés devant internet. Ce sont tous les Zachée paralysés dans leur sycomore, les Bartimée abandonnés sur les bords de la route. Jésus les interpelle tous. Pour les mettre debout, afin qu’ils puissent rejoindre le chemin pour entamer ou continuer la route.

Depuis le coup d’envoi du nouveau testament avec l’annonce de l’ange Gabriel à Marie, tout l’évangile, et particulièrement celui de Luc, est ‘marche, mouvance, mise en route, relèvement, démarche, …’
Dès l’Annonciation, Marie se met en route ‘avec empressement’ vers sa cousine Elisabeth. Elle traverse toute la terre sainte à travers le paysage montagneux. Pour le recensement et la naissance de Jésus, la sainte Famille a fait le trajet de Nazareth en Galilée jusqu’à Bethléem en Judée. Pour échapper au régime meurtrier du roi Hérode, la sainte Famille prend la route pour l’Egypte. D’Egypte, la famille rejoint la Galilée.
La sainte Famille étant pieuse et pratiquante, on la retrouve à Jérusalem pour la célébration de la Pâque juive.
Jésus, avec ses apôtres, ne cesse de parcourir villes et villages, plaines et montagnes, en Galilée, en Samarie, en Judée, et bien au-delà. En Luc 9,51, il entame son dernier chemin. Il se met en route résolument. De la Galilée vers la ville sainte de Jérusalem. Un chemin libérateur vers la mort et la résurrection. Tout ce qui s’est mis en mouvement va s’accélérer. Dans ses prises de paroles, Jésus fait référence à Lui et son chemin : « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Et il va en appeler à le suivre. A prendre le même chemin. « Suis-moi ». « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».
Ce mouvement provient de ce qui Jésus s’est déterminé Lui-même devant la situation qui s’impose à Lui. « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde … Il prit avec courage la route de Jérusalem ».
Moi aussi, à la suite de Jésus, je peux prendre courageusement la route vers la Jérusalem céleste, annonçant et témoignant du Royaume inauguré par Jésus.

En présence du Seigneur

Le peuple de l’Ancienne Alliance, malgré son infidélité et ses doutes sur leur Dieu, ont pu faire l’expérience de la présence de Dieu. Dieu n’a jamais abandonné son peuple et l’a accompagné dans ses marches et ses démarches. Dieu guide Abraham vers le pays qu’il a désigné. Dieu marche devant son peuple pour libérer et le conduire vers la Terre promise. Il va libérer son peuple de l’exil et le guider vers ses terres d’origines.

Les Apôtres ont eu la joie de vivre trois années en présence du Seigneur, le Fils de Dieu. Qui voit le Fils, voit le Père. Dès la résurrection et sans trop tarder, le Christ ressusciter va montrer qu’Il continuera sa présence auprès de son peuple. Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps.

Ce sont les disciples d’Emmaüs qui en feront rapidement l’expérience. Le Ressuscité rejoint ces deux pèlerins déçus et abattus par les événements survenus à Jérusalem. Ils veulent quitter cette ville sainte, théâtre de l’échec de ce Jésus de Nazareth, en qui ils avaient mis toute leur confiance et leur avenir, leur foi et leur espérance. Leur seul but est de rentrer, le cœur lourd, chez eux à Emmaüs. Et voilà que le Ressuscité, fidèle à sa promesse, marche à leur côté, respectant leur pas, commençant l’annonce pascale à partir des Ecritures. Révélant le secret de sa personne : Il est le Seigneur, Celui de la fraction du pain. A partir de ce geste, le Ressuscité semble disparaître. Eh bien non, Il disparaît à leurs yeux pour demeurer à jamais dans leur cœur. Ces deux cœurs lents à croire deviendront une des premières demeures du Christ ressuscité. Lors du chemin d’Emmaüs à Jérusalem, les deux disciples sont transformés grâce à la présence du Seigneur dans leur cœur.

Aujourd’hui encore, le Ressuscité se cache mystérieusement dans le cœur de chaque pèlerin. Le croyant n’est jamais seul, il est toujours en présence de ce Seigneur ressuscité. 


   

Sur la terre des vivants

Le 15 août 1993, à Denver dans le Colorado, Etats-Unis, le pape Jean-Paul dans l’homélie lors de la messe de clôture des Journées Mondiales de la Jeunesse, parlait pour la première fois de l’Occident comme d’une société de la culture de la mort. Il mettait en garde la jeunesse de ne pas céder à une terre qui cultive la mort et la destruction humaine.
Le psalmiste parle au contraire de la terre des vivants. Cette terre est inaugurée par la Résurrection du Christ. Il a vaincu la mort et introduit l’homme dans la logique d’une vie abondante et heureuse.

Lors de la veillée pascale, la reine de toutes les veillées et la célébration eucharistique la plus importante de l’année liturgique, le peuple de Dieu se rassemble à l’extérieur de l’église pour la bénédiction du feu pascal. A ce feu est allumé le nouveau cierge pascal, signe du Christ ressuscité présent au milieu de son peuple. Les fidèles sont appelés à suivre cette lumière pascale et d’allumer leur petit cierge à la lumière pascale.

Cette procession de la Liturgie de la lumière a une triple signification : du passé, du présent, de l’avenir.

Tout d’abord, l’Eglise veut actualiser et commémorer le peuple hébreu qui vit son passage, sa Pâque, à la lumière d’une torche qui éclaire le chemin à parcourir. Cette marche est une libération, une route vers la terre de liberté.
Ensuite, l’Eglise vit à travers les fidèles baptisés présents la peuple de Dieu qui aujourd’hui encore, marche en présence du Seigneur ressuscité vers la Pâques chrétienne, victoire du Christ sur la mort. Le Christ instaure définitivement ‘la terre des vivants’.
Enfin, l’Eglise anticipe ce que le livre de l’Apocalypse décrit en images : les élus marchent victorieusement, avec la couronne de victoire et en robes blanches, vers la terre nouvelle et le ciel nouveau. Les élus sauvés appelés à entrer dans la chambre nuptiale de l’Epoux, l’Agneau immolé, qui a ouvert la maison du Père, ce royaume annoncé lorsqu’Il était au milieu de nous. La nuit de Pâques, nous formes déjà ce cortège qui marche en présence du Seigneur, sa dernière marche, celle de l’entrée dans la terre des vivants.

Le texte de l’Exultet, ce chant chanté près du nouveau du cierge pascal en début de veillée pascale, nous introduit bien dans cette compréhension de la marche victorieuse du peuple des élus. Voici le texte de ce chant pascal :









            Qu’éclate dans le ciel la joie des anges
            Qu’éclate de partout la joie du monde
            Qu’éclate dans l’Eglise la joie des fils de Dieu.
            La lumière éclaire l’Eglise
            La lumière éclaire la terre :
Peuples, chantez !

Voici pour tous les temps l’unique Pâque
Voici pour Israël le grand passage
Voici la longue marche vers la terre de liberté !
Ta lumière éclaire la route
Dans la nuit ton peuple s’avance,
Libre, vainqueur !

Voici dans la nuit la victoire
Voici dans la nuit la lumière
Voici la liberté pour tous les fils de Dieu :
O nuit qui vit la lumière,
O nuit qui vit le Seigneur
Ressusciter !

Amour infini de notre Père,
Suprême témoignage de tendresse,
Vous livrez votre Fils pour sauver tous vos enfants.
Bienheureuse faute d’Adam
Qui valut au monde pécheur
Le Rédempteur !

            Victoire qui rassemble ciel et terre,
Victoire qui remet le Fils au Père
Victoire pour l’Eglise et pour tous ses enfants :
O Père, voici votre peuple,
O Père, accueillez vos enfants
En Jésus Christ.

Que brille à tout jamais cette lumière,
Que brille dans nos cœurs la joie du Père,
Que brille dans l’Eglise la joie des fils de Dieu :
O nuit si lourde de mystère
O nuit si riche de clarté,
O nuit d’amour !

Seigneur, daignez accorder votre secours
Daignez guider nos pas sur le chemin
Daignez nous conserver dans votre sainte paix
O Père accordez à la terre votre grâce et votre Amour,
Et que règne la paix, la justice et l’amour,
                        et que passent tous les hommes de cette terre à votre maison
Par Jésus Christ !

La Bienheureuse Vierge Marie

La première à vraiment avoir accompli le chemin de la foi, cette route humaine et divine, n’est autre que la Bienheureuse Vierge Marie. Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse dit d’elle : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles » (Ap 12,1)
Marie, la première a accompli le chemin de foi. Elle a terminé admirablement sa marche en présence du Seigneur sur la terre des vivants. Elle est là où Dieu nous attend tous. Ce que Dieu a accompli en Marie, Il le fera en chacun de nous. Au terme de la marche sur terre conduire l’homme dans la maison du Père pour être en sa présence dans un face à face afin de pouvoir partager éternellement sa gloire.

Je marcherai : Marie n’est-elle pas la première à se mettre en route ? Fort de son oui de l’Annonciation, elle se met en route avec empressement, vers sa cousine Elisabeth. Sur cette route de la visitation, Marie devient la première missionnaire, la première évangélisatrice. Evangéliser, c’est « porter le Christ ». Eh bien, Marie porte le Christ jusque dans son corps ! Dans la Nouvelle Alliance, Marie est la première en chemin. Et elle résume en elle le chemin de tous les croyants, de toute l’Eglise, de toute l’humanité.

En présence du Seigneur : Marie durant sa vie terrestre était en présence de son Fils, d’abord dans son corps, puis dans ses bras, enfin dans son cœur.

Sur la terre des vivants : Marie est la première à entrer dans la gloire de Dieu. Elle la première sauvée. Elle est la Reine couronnée de la gloire de son Fils.

Que la Bienheureuse Vierge Marie
Nous aide à bien vivre notre marche
En présence du Seigneur
Et qu’elle nous accompagne à
Entrer un jour dans cette terre des vivants.
Amen.

Luc Depuydt, le 5 juillet 2019

18.08.2019 - cursiefje over de schoonheid


Cursiefje opgedragen aan kantkloster Anne-Marie Depuydt

voor haar zeventigste verjaardag op 6 augustus 2019

 

Haar hand klost voort in eindeloze deining

 

Schoonheid :

bekijk het ook eens van de andere ‘kant’…

 

In mijn theologische opleiding (1986 – 1990) was ik sterk onder de indruk van de geschriften van de zwitser Hans Urs von Balthasar, een van de grootste theologen uit de 20ste eeuw. Urs (een zwitserse voornaam) geniet de twijfelachtige eer om te sterven 2 dagen voor het ontvangen van de kardinaalshoed ! Hij schreef een trilogie over het ware, het goede en het schone. Rond het ware en het goede is er overvloedig inkt gevloeid. Schaarser is het gesteld met de theologie van het schone. Het boekje van J. Wissink uit 1993, « Te mooi om onwaar te zijn ? Theologische vragen naar het schone » telt welgeteld 33 pagina’s! Te korte antwoorden voor te weinig vragen naar het schone. Nochthans vermoedt men, dat de wereld en de mensheid gered zullen worden door de schoonheid. Het ware en het goede komen op ons af, maar het schone, daar werken wij creatief aan mee. Door mee te cre-eren aan het schone, worden wij schepper met de Schepper.

 

Een vader nam zijn zoontje mee naar Kaap Sounion, de voortuin van Athene. Daar, was het wachten op wat wel de mooiste zonsondergang ter wereld blijkt te zijn. Hoe die griekse, oranjerode, ondergaande zon, de zuilenruines van de tempel van Posseidon streelt, aait en zoent. Het zoontje zit mooi naast zijn vader. Hij  schouwt met zijn kinderogen het zakken van de zon in de zee. Als de zon is verdwenen zegt zoonlief aan zijn vader : «  papa, hoe mooi ! Wil je dat morgen voor mij nog eens overdoen… » Een prille esthetische ervaring voor die jonge jongen… En de wetenschap dat de schoonheid van de zonsondergang geen ‘ondergang’ betekent. De schoonheid van de valavond is zaad voor het mooie van het ochtendgloren. In de avond zit reeds de kiem van de morgen. Ware schoonheid verdwijnt niet maar herbront zich.

Zoonlief ervaarde zijn vader als ‘schepper met de Schepper’. En zoonlief weet nu dat hij zon kan worden met de zon. En dat achter de horizon, de hand van de scheppende God de zon opvangt, haar even koestert in de geborgenheid van zijn hand ! ‘s Morgens opent hij zijn scheppende hand en gooit opnieuw de zon in een gloed om de aarde.

Voor de zon in de zee valt kan je de majestueuze watermassa in je opnemen. De zee klotst voort in eindeloze deining. De zee waarin mijn ziel zichzelf weerspiegeld ziet dichtte Karel Van de Woestijne in volle romantiek. Zoals zijn naam het zegt, Karel was als een woestijn, een oceaan van zand, bereid om zee te worden met de zee en schoonheid met het schone. En schoonheid is eeuwig-makend. Zoals de zon de golven klotst. Opkomend en afgaand. Eindeloze deining, maar geen twee golven die elkaars gelijke zijn. Schoonheid is altijd anders en nieuw en daarom eeuwig.

Nu komt bij Hans Urs, al dan niet kardinaal, eerst het ware, dan het goede en tenslotte het schone. Als een drieluik zijn ze met elkaar verbonden. Iets is maar schoon als het ook waar is en deugd doet. Om Paulus te parafraseren die schrijft ‘geloof, hoop en liefde. Alle drie. Maar de liefde gaat voor’ zou ik ronduit zeggen : ‘waarheid, goedheid en schoonheid. Alle drie. Maar het schone gaat voor’…

 

 

Luc Depuydt
Silly
6 augustus 2019

17.08.2019 - Napoleon premier


Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio. Il y a donc 250 ans.
Voici un très beau sketch peu connu de Raymond Devos. Un délice absurde.

Napoléon Ier

Vous savez que, récemment, je me suis pris pour Napoléon ? Oui, moi, je me suis pris pour Napoléon ! J’étais devant la pyramide … la grande pyramide … celle du Louvre … et je dis à un Monsieur qui était là :
- Du haut de cette pyramide, quarante siècles vous contemplent.
Il me dit :
- Vous devez vous tromper, parce qu’il y a peu de temps, elle n’était pas là !
- Vous m’inquiétez !
- Etes-vous sûr de ne pas vous prendre pour quelqu’un d’autre ?
Aussitôt, je me suis fait faire un électroencéphalogramme. On m’a dit :
- Monsieur, vous avez le cerveau de Napoléon Ier !
J’ai dit :
- Vous me rassurez. Combien vous dois-je ?
Je paie. Je remets mon portefeuille. Hop ! Impossible de retirer ma main !
En sortant, je hèle un taxi.
- Aux Invalides, s’il vous plaît !
A tombeau ouvert! Arrivé aux Invalides, le chauffeur qui me regardait dans le rétroviseur me dit :
- Je vous connais, vous ! Ah si, je vous connais. Rappelez-moi votre nom.
Je lui dis : je suis Napoléon.
- Ah me dit-il, vous n’êtes pas le premier.
- Si, mon cerveau me l’atteste !
Il me dit :
- Je devrais vous en vouloir !
- Pourquoi cela ? 
- Parce que je suis égyptien et que votre expédition en Egypte n’a pas laissé un souvenir impérissable !
- C’est vrai ! Moi-même, je n’en ai gardé aucun souvenir !  
- Alors, vous êtes Napoléon ?
- Certes !
- Eh bien, votre cheval est là !
- Mon cheval ? 
- Vous voyez le monsieur qui caracole dans la cour et qui piaffe d’impatience ? Il prétend être le cheval de l’empereur Napoléon. Si c’est vous Napoléon, vous devriez pouvoir vous entendre.
- C’est mon cheval, ça ? Je ne le reconnais pas. Le mien avait de beaux harnais.
- Vous êtes mon cheval ?
- Oui, mon empereur !
- Est-ce que vous pouvez me l’attester ? 
- Oui ! Je me suis fait faire un électroencéphalogramme, on m’a dit : « Vous avez le cerveau du cheval de Napoléon. »J’ai dit : « Vous me rassurez. » Et je suis venu vous rejoindre aux invalides à bride abattue.
- Comment saviez-vous que vous m’y trouveriez ?
- He ? Votre tombeau y est déjà ! J’ai pensé qu’un jour ou l’autre, vous viendrez le visiter … comme tout le monde ! 
J’ai pensé : il n’est pas aussi bête qu’il en a l’air, mon cheval !
Il me dit : allez, montez !
- Où on va ?
- Avenue de la Grande-Armée !
On a refait le parcours du combattant, le tour de la place des Victoires … Wagram, Iéna, Eylau ! Je ne reconnaissais rien ! ah si, à Austerlitz, j’ai reconnu la gare !
Il faut dire que le soleil d’Austerlitz tapait dur. On a voulu monter dans un wagon où il y avait marqué : « Hommes : 50, chevaux : 10 » ! 
Mais comme on n’était que deux, on a repris la route.
- Où on va là ? 
- Il me dit : en Russie !
- Ah non ! Pas la Russie ! Je n’ai pas encore touché la retraite !
- Alors, on se rend-on ?
- On va se rendre à Waterloo !
Il m’a faussé compagnie d’une façon assez cavalière, je dois dire, sous le fallacieux prétexte qu’il avait quelques courses à faire à Longchamp ! 
J’ai dit :  Bon, je vais reprendre un taxi. 
J’entends : Hep !
Qui je reconnais au volant de son taxi ? Le chauffeur égyptien qui m’avait conduit aux Invalides ! Il me dit : 
- Salut, Napoléon ! Alors, ça va un peu mieux ? 
- Non, ça empire ! Et vous, l’Egyptien ? 
- Ca se corse ! Figurez-vous qu’il m’arrive la même chose qu’à vous ! Récemment, je me suis pris pour un pharaon. Oui, moi, un pharaon ! J’étais au Palais-Royal … devant les colonnes de Buren, les colonnes tronquées et je dis à un monsieur qui était là : « Ces colonnes tronquées datent du XIII ème siècle avant Jésus-Christ ! » Il me dit : « Vous devez vous tromper, parce qu’il y a peu de temps, elles n’étaient pas là ! » « Vous m’inquiétez ! » « Etes-vous sûr de ne pas vous prendre pour quelqu’un d’autre ? » Aussitôt, je me suis fait faire un électroencéphalogramme. Ils m’ont dit : « Monsieur, vous avez le cerveau de Ramsès II. » Je leur ai dit : « Ah ? parce que je ne serais pas le premier ? » « Non ! Il y a eu un Ramsès avant vous ! » « J’ai voulu payer … Hop ! Impossible de retirer les bandelettes de mes mains ! Je suis sorti. J’ai hélé un taxi…
- Le vôtre, évidemment ?
- Le mien mais qui, depuis quelque temps, n’est plus le même ! Il se prend pour un taxi de la Marne. Chaque fois que je mets le compteur en route, il repart comme en 14 ! Alors, je me retrouve tantôt à Verdun, tantôt sur le Chemin des Dames ! De plus, dès qu’il aperçoit un militaire qui fait du stop, il s’arrête et il prend en charge … Décidément, les transports ne sont plus ce qu’ils étaient ! Il me dit :
- Où allez-vous ? 
- Je rentre à la Malmaison.
- Moi, je vais à Reuil. Montez, je vous ramène.
Arrivés place de la Concorde, je ne sais pas ce qui lui a pris, il s’est arrêté net. Il m’a dit :
- Dites, Napoléon, l’obélisque de Louxor, là, il va falloir le remettre là où vous l’avez pris, en Egypte ! C’est Ramsès II qui vous le dit !
- Je lui dis :
- Ecoutez, Ramsès II, moi Napoléon Ier, je vous propose un troc. Je garde l’obélisque de Louxor et je vous donne en échange la pyramide du Louvre.
- Ah, dites donc !
Il ouvert la porte de son taxi. Il m’a dit :
- Sortez ! Je savais bien que vous étiez un fantaisiste, Devos ! On ne peut décidément pas discuter avec vous !

mardi 20 août 2019

15.08.2019 - Méditation sur l'Assomption de Marie

L'Assomption de la Sainte Vierge Marie

Sermon de saint Bernard de Clairvaux (1091 - 1153)

Aujourd'hui la Vierge Marie monte, glorieuse, dans le ciel. Elle met le comble à la joie des anges et des saints. 
C'est elle en effet, dont la simple parole de salutation a fait exulter l'enfant encore enfermé dans le sein maternel. 
Quelle a dû être l'exaltation des anges et des saints, 
lorsqu'ils ont pu entendre sa voix, voir son visage, et jouir de sa présence bénie!
Et pour nous, quelle fête dans son Assomption glorieuse, 
quelle cause d'allégresse et quelle source de joie aujourdhui.
La présence de Marie illumine le monde entir, 
tellement le ciel resplendit, irradié par l'éclat de la Vierge toute sainte.
C'est donc à bon droit que résonne dans les cieux l'acrion de grâce et la louange. 

Mais nous, dans la mesure où le ciel exulte de la présence de Marie, 
n'est-il pas raisonnable que notre monde d'ici-bas pleure son absence ? 
Mais non, ne nous plaignons pas, car nous n'avons pas ici-bas de cité permanente (He 13,14) . 
Nous cherchons celle où la Vierge Marie est parvenue aujourd'hui. 
Si nous sommes déjà inscrits au nombre des habitants de cette cité, 
il convient aujourd'hui de nous souvenir d'elle, de partager sa joie, 
de participer à cette allégresse qui réjouit aujourd'hui la cité de Dieu.
Elle retombe aujourd'hui en rosée sur notre terre. 
Oui, elle nous a précédés, notre Reine.
Elle nous a précédés et elle a été reçue avec tant de gloire que nous pouvons, nous ses humbles serviteurs, suivre notre souveraine en toute confiance en criant avec l'Épouse du Cantique des Cantiques : 
« Entraîne-nous à ta suite. Nous courrons à l'odeur de tes parfums ! » (Ct 1,3-4) 
Voyageurs sur la terre, nous avons envoyé en avant notre avocate, 
Mère de miséricorde, pour plaider efficacement notre salut.