La Nativité : apprendre à regarder
le divin enfant
Homélie pour la messe de Minuit, de
l’Aurore et du Jour de Noël
La
vocation de l’homme est de VOIR DIEU. En attendant de voir Dieu dans un face à
face éternel, l’homme peut le voir dans un cœur à cœur sur terre. La veille de
Noël, la liturgie de l’Eglise nous donne à écouter cet admirable verset : Ce soir, vous saurez que votre Sauveur vient : le
Seigneur est là et demain vous le verrez (cf. Ex 16,6-7). Dieu fait donc en sorte que nous
puissions Le voir. Il a envoyé son Fils, sa propre Image. ‘Nous l’avons vu et
entendu, touché de nos mains’ nous dit saint Jean.
Comment apprendre à
bien regarder Jésus, Le contempler ? Nous pouvons nous rendre à la crèche
de Bethléhem. Il y a là quelques maîtres et pédagogues du regard : Joseph,
Marie, les bergers, les mages et enfin les regards de l’âne et du bœuf.
JOSEPH : POUR VOIR DIEU, IL FAUT
SURMONTER LE DOUTE
Joseph porte un regard sur l’enfant qui lui
est propre : il traverse la tempête du doute. Tout comme nous. Son chemin
à lui, c’est aussi le nôtre. Il a connu le même tourment : il a été
éprouvé dans ce qu’il avait de plus sacré : son amour envers Marie et le
plan de Dieu sur leur union. En Joseph se joue le drame de toute existence
humaine, notre plus dur combat, celui du doute et de la foi. Le Tentateur ne
cesse de nous répéter à l’oreille : « Il n’y a pas de Dieu, pas de
monde invisible, pas de naissance d’en haut, pas d’autre paternité que celle
que nous avons héritée d’Adam. Tout n’est que songe, projection et illusion
… »
Mais Joseph est un Juste et il s’accroche à
la Parole de Dieu, au-delà du doute. Au plus fort de l’impasse, il s’abandonne
à la Parole de Dieu et à elle seule. Il n’a pas d’autre appui. A peine un
signe, ou encore, un songe. Joseph a connu le doute et il l’a surmonté. C’est
pourquoi, il peut guérir notre œil, purifier notre regard.
MARIE : POUR VOIR DIEU, IL FAUT POUVOIR DIRE
OUI
Marie se penche sur la crèche où l’Enfant a
été déposé : elle le regarde de tout son cœur. Elle est toute absorbée en
Lui. Son regard est clair, il est tout pur. Elle regarde avec les yeux de son
cœur. Son œil est pur comme son corps tout entier est transparent. Rien de
possessif dans son regard. Dans ses yeux il y a le reflet du oui qui habite son
cœur. Marie ne regarde pas l’enfant pour l’accaparer. Elle s’abandonne à Lui.
Son oui libre et joyeux est le secret de son regard. Pour voir Dieu, il faut
dire oui de tout son cœur et par toute sa vie. « Heureux les cœurs
purs, ils verront Dieu. » (Mt 5,8) Le vrai regard ne prend pas pour
soi, il donne. Il ne soumet pas, il offre. C’est ainsi que Marie regarde son
Enfant. C’est ainsi qu’elle nous regarde. Marie nous
aide à regarder sans convoiter, sans vouloir posséder. Elle purifie notre
regard.
LES BERGERS : POUR VOIR DIEU, IL FAUT
ETRE PAUVRE
Pour voir Dieu, voici une autre
condition : la pauvreté de cœur. Dieu choisit des bergers pour leur
livrer, dès la nuit de Noël, son message : « Voici, je viens vous
annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Il vous est né, aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le
Christ Seigneur. » (Lc 2,10)
Dieu se révèle toujours aux pauvres, aux
enfants, aux pécheurs et aux malades, à ceux qui ne possèdent rien, qui doivent
tout attendre de Lui. Dieu se donne à voir à qui a cessé de se regarder
soi-même. Tels sont les bergers : ils ne se regardent jamais. Leurs yeux
vont vers le troupeau. Ils regardent le ciel et le temps qu’il fait. Ils
regardent le soleil, la lune et les étoiles. Leur cœur est simple. Rien
d’étonnant alors qu’ils soient les premiers à voir et à reconnaître l’Enfant.
Les bergers nous invitent à cette pauvreté, à cette simplicité, afin d’avoir le
cœur léger pour regarder Jésus.
LES MAGES : POUR VOIR DIEU IL FAUT
S’ATTENDRE A DES SURPRISES
En voici d’autres qui regardent l’enfant
Jésus. Ce sont les Mages : ils viennent de loin. Ils ne sont pas de chez
nous, ce sont des étrangers. Ce sont des sages et des chercheurs. Ils ont l’œil
critique car ils connaissent les lois de la nature. Mais voilà quelque chose
qui ne cadre plus avec leur science : une étoile mystérieuse qui apparaît
soudain et que rien n’annonçait. L’étoile est inattendue, mais les mages vont
s’ouvrir à cette réalité inexplicable. Et leur ouverture d’esprit leur
permettra de trouver l’Enfant avec sa Mère et, en se prosternant, de lui rendre
hommage.
Les mages ont pu contempler l’Enfant parce
qu’ils se sont laissés interpeller par l’étoile mystérieuse. Pour voir Dieu, il
ne faut avoir peur de l’inattendu de Dieu.
L’ANE ET LE BOEUF : POUR VOIR DIEU, IL
FAUT RESTER SOI-MEME
Voici les deux derniers personnages de la
crèche : l’âne et le bœuf. L’Evangile n’en dit rien. C’est nous qui les y
ont mis, avec raison d’ailleurs, puisqu’ils sortent tout droit du livre
d’Isaïe. Ecoutons leur message : « Le bœuf reconnaît son bouvier
et l’âne la crèche de son maître, mais Israël ne connaît rien, mon peuple ne
comprend rien. » (Is 1,3) Les
animaux voient juste. Comment font-ils pour voir si clair ? Ils ne font
rien. Rien d’autre que d’être là, de respirer, d’être eux-mêmes. Ils sont l’âne
et le bœuf de la crèche, ni plus ni moins. Ce que Dieu leur a demandé en les
créant, ils le font, en parfaite obéissance, sans complexe. C’est pourquoi ils
reconnaissent leur maître du premier coup, sans raisonnement.
Les animaux, les plantes, les oiseaux, toute
la création est là, telle que Dieu l’a créé. Les animaux, les plantes, les
oiseaux ne peuvent que dire ‘oui’ à Dieu. C’est là leur joie, mais elle a ses
limites : ils ne sont pas libres de dire ‘non’. Seul l’homme peut dire
‘oui’ et ‘agir’ en toute liberté. Mais notre liberté ne rompt pas la solidarité
avec l’âne et le bœuf …
Voilà, en cette fête de la Nativité nous
venons de faire le tour de la crèche et nous avons appris à bien regarder. Oui, c’est l’heure de la contemplation.
Regarder les choses avec le cœur. Apprendre à avoir n regard de foi. N’hésitez
donc pas, frères et sœurs de Noël, de regarder et de contempler longuement le
divin enfant de la crèche. On finit toujours par ressembler à la personne qu’on
regarde avec amour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire