dimanche 22 décembre 2019

24 décembre 2019 - homélie de Noël


La Nativité : apprendre à regarder le divin enfant
Homélie pour la messe de Minuit, de l’Aurore et du Jour de Noël

La vocation de l’homme est de VOIR DIEU. En attendant de voir Dieu dans un face à face éternel, l’homme peut le voir dans un cœur à cœur sur terre. La veille de Noël, la liturgie de l’Eglise nous donne à écouter cet admirable verset : Ce soir, vous saurez que votre Sauveur vient : le Seigneur est là et demain vous le verrez (cf. Ex 16,6-7). Dieu fait donc en sorte que nous puissions Le voir. Il a envoyé son Fils, sa propre Image. ‘Nous l’avons vu et entendu, touché de nos mains’ nous dit saint Jean.
Comment apprendre à bien regarder Jésus, Le contempler ? Nous pouvons nous rendre à la crèche de Bethléhem. Il y a là quelques maîtres et pédagogues du regard : Joseph, Marie, les bergers, les mages et enfin les regards de l’âne et du bœuf.

JOSEPH : POUR VOIR DIEU, IL FAUT SURMONTER LE DOUTE

Joseph porte un regard sur l’enfant qui lui est propre : il traverse la tempête du doute. Tout comme nous. Son chemin à lui, c’est aussi le nôtre. Il a connu le même tourment : il a été éprouvé dans ce qu’il avait de plus sacré : son amour envers Marie et le plan de Dieu sur leur union. En Joseph se joue le drame de toute existence humaine, notre plus dur combat, celui du doute et de la foi. Le Tentateur ne cesse de nous répéter à l’oreille : « Il n’y a pas de Dieu, pas de monde invisible, pas de naissance d’en haut, pas d’autre paternité que celle que nous avons héritée d’Adam. Tout n’est que songe, projection et illusion … »
Mais Joseph est un Juste et il s’accroche à la Parole de Dieu, au-delà du doute. Au plus fort de l’impasse, il s’abandonne à la Parole de Dieu et à elle seule. Il n’a pas d’autre appui. A peine un signe, ou encore, un songe. Joseph a connu le doute et il l’a surmonté. C’est pourquoi, il peut guérir notre œil, purifier notre regard.

MARIE : POUR VOIR DIEU, IL FAUT POUVOIR DIRE OUI

Marie se penche sur la crèche où l’Enfant a été déposé : elle le regarde de tout son cœur. Elle est toute absorbée en Lui. Son regard est clair, il est tout pur. Elle regarde avec les yeux de son cœur. Son œil est pur comme son corps tout entier est transparent. Rien de possessif dans son regard. Dans ses yeux il y a le reflet du oui qui habite son cœur. Marie ne regarde pas l’enfant pour l’accaparer. Elle s’abandonne à Lui. Son oui libre et joyeux est le secret de son regard. Pour voir Dieu, il faut dire oui de tout son cœur et par toute sa vie. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » (Mt 5,8) Le vrai regard ne prend pas pour soi, il donne. Il ne soumet pas, il offre. C’est ainsi que Marie regarde son Enfant. C’est ainsi qu’elle nous regarde. Marie nous aide à regarder sans convoiter, sans vouloir posséder. Elle purifie notre regard.

LES BERGERS : POUR VOIR DIEU, IL FAUT ETRE PAUVRE

Pour voir Dieu, voici une autre condition : la pauvreté de cœur. Dieu choisit des bergers pour leur livrer, dès la nuit de Noël, son message : « Voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né, aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur. » (Lc 2,10)  
Dieu se révèle toujours aux pauvres, aux enfants, aux pécheurs et aux malades, à ceux qui ne possèdent rien, qui doivent tout attendre de Lui. Dieu se donne à voir à qui a cessé de se regarder soi-même. Tels sont les bergers : ils ne se regardent jamais. Leurs yeux vont vers le troupeau. Ils regardent le ciel et le temps qu’il fait. Ils regardent le soleil, la lune et les étoiles. Leur cœur est simple. Rien d’étonnant alors qu’ils soient les premiers à voir et à reconnaître l’Enfant. Les bergers nous invitent à cette pauvreté, à cette simplicité, afin d’avoir le cœur léger pour regarder Jésus.

LES MAGES : POUR VOIR DIEU IL FAUT S’ATTENDRE A DES SURPRISES

En voici d’autres qui regardent l’enfant Jésus. Ce sont les Mages : ils viennent de loin. Ils ne sont pas de chez nous, ce sont des étrangers. Ce sont des sages et des chercheurs. Ils ont l’œil critique car ils connaissent les lois de la nature. Mais voilà quelque chose qui ne cadre plus avec leur science : une étoile mystérieuse qui apparaît soudain et que rien n’annonçait. L’étoile est inattendue, mais les mages vont s’ouvrir à cette réalité inexplicable. Et leur ouverture d’esprit leur permettra de trouver l’Enfant avec sa Mère et, en se prosternant, de lui rendre hommage.
Les mages ont pu contempler l’Enfant parce qu’ils se sont laissés interpeller par l’étoile mystérieuse. Pour voir Dieu, il ne faut avoir peur de l’inattendu de Dieu.

L’ANE ET LE BOEUF : POUR VOIR DIEU, IL FAUT RESTER SOI-MEME

Voici les deux derniers personnages de la crèche : l’âne et le bœuf. L’Evangile n’en dit rien. C’est nous qui les y ont mis, avec raison d’ailleurs, puisqu’ils sortent tout droit du livre d’Isaïe. Ecoutons leur message : « Le bœuf reconnaît son bouvier et l’âne la crèche de son maître, mais Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien. » (Is 1,3)  Les animaux voient juste. Comment font-ils pour voir si clair ? Ils ne font rien. Rien d’autre que d’être là, de respirer, d’être eux-mêmes. Ils sont l’âne et le bœuf de la crèche, ni plus ni moins. Ce que Dieu leur a demandé en les créant, ils le font, en parfaite obéissance, sans complexe. C’est pourquoi ils reconnaissent leur maître du premier coup, sans raisonnement.
Les animaux, les plantes, les oiseaux, toute la création est là, telle que Dieu l’a créé. Les animaux, les plantes, les oiseaux ne peuvent que dire ‘oui’ à Dieu. C’est là leur joie, mais elle a ses limites : ils ne sont pas libres de dire ‘non’. Seul l’homme peut dire ‘oui’ et ‘agir’ en toute liberté. Mais notre liberté ne rompt pas la solidarité avec l’âne et le bœuf …
Voilà, en cette fête de la Nativité nous venons de faire le tour de la crèche et nous avons appris à bien regarder. Oui, c’est l’heure de la contemplation. Regarder les choses avec le cœur. Apprendre à avoir n regard de foi. N’hésitez donc pas, frères et sœurs de Noël, de regarder et de contempler longuement le divin enfant de la crèche. On finit toujours par ressembler à la personne qu’on regarde avec amour.


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