Trois figures du
temps de l’avent.
Le prophète Isaïe : Il ne faut jamais perdre
l’espérance
Tout au long de ce temps liturgique de
l’Avent, l’Eglise se nourrit des textes de ce prophète. C’est lui qui annonce
ce qui adviendra. Il jette un regard sur l’avenir et nous invite à changer
notre regard. Et il est conscient que l’avenir que Dieu nous donne ne se limite
pas à nos plus folles attentes. L’œuvre de Dieu dépasse de loin tout ce que les
hommes peuvent faire ou même imaginer. Isaïe regarde comme un prophète. Il se
libère des cadres étroits de ses propres pensées. Il sait que Dieu est Maître
de l’avenir. Et ce Dieu promet la paix. Sa Paix à Lui, non celle des hommes. Le
loup habite avec l’agneau et le nourrisson s’amuse sur le nid du cobra. (Is
11,6-8). C’est l’amour de Dieu qui fera cela. (Is 9,6)
Que ce
soit Dieu qui le fasse, ne nous dispense pas de travailler à la paix. Mais la
Paix de Dieu ne tombe pas du ciel, elle pousse comme une tige à partir de la
graine. Il éclot comme la fleur à partir du bourgeon. Il est engendré comme un
être vivant. Et comme dans toute naissance, il y a quelque chose de
gratuit, quelque chose de neuf qui vient d’ailleurs, de Dieu.
Et nous aurons un signe de cette Paix
de Dieu. Alors voici encore Isaïe : Vous refusez de voir le bien et la
parole nouvelle, vous ne voulez pas l’entendre. Ne vous suffit-il pas de
fatiguer les hommes que vous en veniez à fatiguer mon Dieu ? C’est donc le
Seigneur Lui-même qui va vous donner un signe. Voici : la jeune fille est
enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel,
Dieu-avec-nous ». (Is 7,14)
Le précurseur Jean Baptiste : Il faut se
faire petit
Jean-Baptiste est très présent dans la
liturgie de l’Avent. C’est à lui qu’il a été donné de découvrir le Messie et de
le désigner du doigt : Voici l’Agneau de Dieu. (Jn 1,36) S’il a
trouvé le Messie, c’est qu’il s’est d’abord converti. Il a purifié son cœur par
le silence, la solitude et le jeûne. Il est parti au désert, ce lieu de
conversion, ce lieu où l’on ne peut tricher.
Dieu ne peut entrer chez nous, si nous
ne sommes pas vides de nous-mêmes, si nous occupons toute la place. Si notre
moi reste le centre, Dieu est refoulé à la périphérie de notre existence. Si
nous nous prenons nous-mêmes pour le soleil, Dieu est réduit au rang de satellite.
Mais c’est là le monde à l’envers. Car
Dieu est le soleil, nous sommes tout au plus une de ses planètes. Chercher la
dernière place, celle du plus petit, voilà le secret de Jean. « Il faut
qu’Il grandisse et que moi, je diminue. » (Jn 3,30)
Pour diminuer, Jean prie. La prière le
transforme en enfant, en serviteur devant Dieu. Il jeûne car le jeûne libère le
cœur et fortifie le corps. Il confesse ses péchés et nous invite à faire
autant. Ainsi il est devenu un homme libre, abandonné, un pauvre de Dieu. Il
s’est fait tout petit : il a voulu tout perdre pour gagner tout. Et le peu
qui lui reste – sa vie même – lui sera enlevé. Jean Baptiste va mourir sans
éclat, dans la pénombre d’un cachot, victime du caprice d’un Hérode ivre.
Nous sommes invités à imiter saint
Jean Baptiste : le suivre dans le silence et la prière, dans le jeûne et
la conversion, dans sa vie et jusque dans sa mort. Et il nous faut, nous aussi,
diminuer pour que Jésus grandisse en nous.
La Vierge Marie : Apprendre le regard de
Marie
Qui veut voir Dieu, devra apprendre à
regarder sans vouloir posséder. Il devra regarder avec les yeux du cœur et dire
un joyeux oui comme Marie : « Qu’il me soit fait selon ta
parole. » (Lc 1,38) Marie regarde l’enfant Jésus avec les yeux de son
cœur. Son regard est clair, il est tout pur, transparent comme son corps tout
entier. Dans ses yeux il y a le reflet parfait du ‘oui’ qui habite son cœur
depuis l’Annonciation. Marie ne regarde pas pour prendre son Enfant, elle
s’abandonne à Lui.
Le vrai regard est remise de soi à
l’autre. Un regard oblatif qui ne prend rien pour soi. C’est ainsi que Marie
regarde son enfant. C’est ainsi qu’elle nous regarde.
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