vendredi 19 avril 2019

18.04.2019 - Le Jeudi Saint


Le Jeudi Saint 2019     
                                                                                           
Le Jeudi Saint est un jour riche des mystères de la foi. A travers ce que ce jour saint nous invite à vivre, nous pouvons découvrir l’image du Dieu de Jésus Christ et dans le prolongement, nous pouvons apprécier les richesses du mystère qu’est l’Eglise. Une journée comme un chandelier à 7 branches. Allumons les 7 branches en commençant par la première lumière qu’est l’Eucharistie. C’est à partir de ce sacrement essentiel pour l’Eglise qu’on pourra allumer les autres branches puisque le mystère de la fraction du pain enveloppe et résume tous les autres mystères de ce jour. 


1. L’institution de l’Eucharistie

Nous célébrons le jour très Saint où notre Seigneur Jésus Christ fut livré pour nous. La nuit même où Il fut livré, c’est à dire en cette nuit, Il prit du pain, Il prit du vin. Chaque fois que nous mangeons ce pain et que vous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’Il vienne.
La célébration de ce soir rappelle donc l’Institution de l’Eucharistie, premier et principal mystère de ce Jeudi Saint. L’Eglise est eucharistique. La fraction du pain est le premier geste de l’Eglise, geste qui lui donne son identité et sa raison d’être. ‘Faites ceci en mémoire de moi’ est un ordre du Christ. Sa première présence, jusqu’à la fin des temps, est d’abord et avant tout une présence eucharistique.
Si ‘Notre Dame de Paris’ doit être reconstruite, c’est avant tout par ce que la première cathédrale de la fille aînée de l’Eglise, est le lieu où sont célébrés chaque année plus de 2000 offices. Plus de 400 célébrations sont diffusées en direct sur la chaîne catholique KTO.
Avant d’être un monument historique, une œuvre d’art, un lieu touristique, une église est le lieu où se rassemble la communauté chrétienne pour ‘faire mémoire’ et pour être fidèle à ‘la fraction du pain’. Le cultuel précède le culturel.

L’Eglise est d’abord Eucharistie puisque Dieu se donne en nourriture

2. L’institution du sacerdoce

Ce mystère de l’Institution de l’Eucharistie n’épuise pas le mystère du jour. La lumière de la Cène invite l’Eglise à allumer d’autres lumières.
De ce mystère de l’Eucharistie découle un autre mystère : L’institution du Sacerdoce des prêtres. Pas d’Eglise sans Eucharistie, pas d’Eucharistie sans prêtres, pas de prêtres sans assemblée qui célèbre l’Eucharistie.  Le prêtre tient la place du Christ. Il fait les gestes du Christ. Il dit les paroles du Christ. Il agit au nom du Christ pour le bien de tous. ‘Pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.’
Je me permets, en ce jeudi saint, fête des prêtres, de vous interpeller. Chez nous, pour ce qui est de l’appel au sacerdoce, nous sommes ‘en panne’. Notre Grand séminaire est vide. Nous n’arrivons plus à appeler au sacerdoce. Et, sans jugement de ma part, le dernier prêtre que nous avons ordonné pour notre diocèse, a quitté le sacerdoce après seulement 3 ans et demi de ministère…
Et jusqu’au pourra-t-on faire venir chez nous la crème du clergé congolais sans porter atteinte à cette jeune Eglise d'Afrique ? 
Comment se fait-il que nos familles et nos communautés chrétiennes ne soient plus capables d’enthousiasmer les jeunes à devenir prêtre ?

L’Eglise est donc un peuple de prêtres puisque Dieu agit

3. Le commandement d’amour

Ces deux mystères du Jeudi Saint intimement liés, engendrent un troisième mystère : le commandement d’amour. Vous l’avez entendu en préface de l’Evangile de saint Jean : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 
Je vous ai donné un exemple. "Sachant que l'heure était venue pour Lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. 
Le double critère pour reconnaître celui qui appartient réellement au Christ, est connu : fidélité à la fraction du pain et fidélité au commandement d’amour. L’Eglise du Christ n’est pas avant tout un ensemble de gens bien organisés, mais des aimants dans le Christ.

L’Eglise vit le commandement d’amour puisque Dieu aime jusqu’au bout

4. Le lavement des pieds

Quatre autres aspects sont à mentionner en ce jour. Le 4ème évangile, celui de Jean, ne connaît pas de récit de l’Institution mais la scène du lavement des pieds, signe d’une Eglise pauvre et servante. "Après s’être levé de table, le Seigneur versa de l’eau dans un bassin et se mit à laver les pieds des disciples. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous."
Ces derniers mois, notre Eglise est tombée de son piédestal. Elle est donc invitée à l’humilité, à la prudence, à la clarté et la vérité. L’Eglise n’a pas pour vocation d’être glorieuse, forte et puissante. Elle a vocation d’être sel de la terre, lumière sur le lampadaire et levain dans la pâte. Elle doit annoncer un Dieu qui est venu chez nous pour servir et non pour être servi. Faisons de même.   

L’Eglise est servante et pauvre puisque Dieu sert

5. Les saintes huiles

Autre signe du Christ agissant dans son Eglise : les saintes huiles. Lors de la messe chrismale, l’évêque, entouré des prêtres et des diacres, en présence des catéchumènes et des baptisés, bénit l’huile des catéchumènes et l’huile des malades et consacre l’huile du Saint-Chrême. En accueillant les saintes huiles dans notre communauté, nous sommes invités à la prière pour les catéchumènes, les malades et agonisants, les nouveaux baptisés, les futurs confirmands et les futurs prêtres.

L’Eglise fait des onctions d’huile puisque Dieu veux toucher l’homme

6. Le grand pardon

Quelques jours avant la Pâque, l'Eglise est pleine de sollicitude pour les blessés de la vie et tout particulièrement ceux qui sont prisonnier, pour ceux qui se sont détournés du commandement d'amour. A Mons par exemple, le Jeudi Saint, les Beubeux (la confrérie de Saint Baptiste décollé) qui regroupe les visiteurs de prison, se présentent devant les différentes églises. Ils portent une cagoule afin de préserver l'anonymat. Ils rappellent que le Christ s'est fait librement prisonnier. Pilate cherchait à le relâcher mais les juifs l'en empêchèrent. En ce Carême de la miséricorde de Luc, nous avons vu que Dieu déteste le péché mais continue à aimer le pécheur. 

L’Eglise privilégie les blessés de la vie puisque Dieu libère et sauve

7. La prière sacerdotale de Jésus

Enfin, la veille de mourir Jésus est en prière. Il intercède pour l'humanité. Nous avons des traces de cette prière dans 'la prière sacerdotale' au chapitre dix-septième de l'Evangile de Jean. Au mont des Oliviers, les apôtres entendent de la bouchde Jésus, qu'ils sont incapables de veiller une heure. 
Pour nous, prier est devenu facile: il suffit de mettre notre prière dans celle de Jésus. Il est le Médiateur entre son Père et l'humanité. N'hésitons pas durant un moment d'adoration de déposer toutes nos prières dans celle de Jésus. 

L’Eglise prie puisque le Fils de Dieu est le premier priant

Voici donc, frères et sœurs, en résumé, ce jeudi saint qui nous dévoile l’identité véritable du Dieu de Jésus Christ et qui nous fait entrer au cœur même de ce que nous sommes, l’Eglise du Christ.

L’Eglise est Eucharistie puisque Dieu se donne en nourriture
L'Eglise est un peuple de prêtres puisque Dieu agit
L'eglise vit le commandement d'amour puisque Dieu aime jusqu'au bout.
L'Eglise est servante et pauvre puisque Dieu sert
L'Eglise fait des onctions d'huile puisque Dieu veut toucher l'homme
L'Eglise privilégie les blessés de la vie puisque Dieu libère et sauve
L'Eglise prie puisque le Fils de Dieu est le premier priant


A toutes et à tous, excellente montée vers Pâques!

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